La perte d’audition concerne un grand nombre de personnes, or celles-ci ne s’en ouvrent pas forcément à leurs proches, par crainte d’être stigmatisées. Lors des rassemblements familiaux, il est important de prêter attention à leur situation, pour éviter qu’elles ne s’isolent.
Les fêtes de fin d’année sont généralement des périodes de convivialité durant lesquelles s’enchaînent déjeuners, dîners et célébrations de toutes sortes en famille, entre amis ou entre collègues.
Pour les personnes souffrant de problèmes d’audition, cependant, ces nombreux rassemblements peuvent être source de problèmes. Communiquer avec les autres peut s’avérer difficile lors des conversations de groupe, et ce d’autant plus que le niveau du bruit de fond peut-être particulièrement élevé, les musiques de Noël et les cris des enfants s’adonnant à leurs jeux se juxtaposant aux discussions.
Chez la plupart des gens, l’audition commence à diminuer à partir de 50 ans. Selon l’Organisation mondiale de la santé, environ 1,5 milliard de personnes dans le monde souffrent de déficiences auditives (c’est notamment le cas d’un Australien sur six et d’un adulte français sur quatre). Il est donc probable que quelqu’un autour de votre table de Noël ait des difficultés à entendre.
Malheureusement, de nombreux adultes malentendants souffrent en silence. Nos propres travaux de recherche révèlent que les adultes atteints de perte auditive cachent souvent leur condition à leurs proches et amis en raison d’un sentiment de honte et de la crainte d’être stigmatisé. Un certain nombre de gestes simples peuvent permettre de mieux inclure ceux de vos proches qui sont dans cette situation lors de vos prochains réveillons.
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Stigmatisation et stéréotypes
Dans le cadre d’une série d’études, nous avons mené des entretiens avec des adultes atteints de perte auditive, leurs familles et des professionnels de la prise en charge des déficiences auditives pour évaluer la place de la stigmatisation dans leurs expériences. On parle de stigmatisation lorsqu’une personne est traitée en raison d’une caractéristique physique ou sociale particulière. Nos enquêtes incluaient également des enregistrements vidéo de conversations réelles entre des adultes atteints de perte auditive et leurs proches.
Les résultats que nous avons obtenus suggèrent que la perte auditive est souvent associée à des stéréotypes négatifs liés au vieillissement, au handicap, à des capacités intellectuelles amoindries ou à la vulnérabilité. Ainsi, un des participants malentendants a déclaré :
« Une fois qu’ils savent que vous ne comprenez pas ou n’entendez pas bien ce qu’ils disent, ils se comportent différemment avec vous. Et ce n’est pas toujours positif, c’est souvent négatif […] Même les personnes proches, comme mon frère jumeau, pensent que quelque chose ne va pas chez moi, parce que je n’arrive pas à les entendre correctement. »
Les stéréotypes liés au vieillissement sont ceux qui ont été le plus souvent associés à la perte auditive. Par exemple, un des adultes malentendants interrogés nous a dit :
« Je suppose que [mal entendre] est juste un signe de vieillissement. Comme porter des lunettes ou avoir des cheveux gris. »
Cependant, de nombreux adultes confrontés à des difficultés auditives ne correspondent pas à ce stéréotype, car l’audition peut commencer à diminuer dès la quarantaine.
Ce stéréotype apparaît également dans les médias. Par exemple, dans plusieurs épisodes de la série télévisée Bluey, un dessin animé pour enfants qui relate les aventures d’un chiot bouvier australien anthropomorphe, le personnage nommé Bingo se déguise en « grand-mère sourde ».
Au cours de nos travaux de recherche, les personnes atteintes de perte auditive ont rapporté se sentir gênées, honteuses, frustrées, tristes et fatiguées de devoir gérer leurs difficultés auditives dans les conversations quotidiennes.
Dissimuler ses difficultés
Selon les résultats d’une autre enquête (en cours d’examen par les pairs), près de deux tiers des répondants ont déclaré qu’il arrivait que l’on rie de leur perte auditive, ou qu’on la prenne à la légère, ce qui les mettait mal à l’aise.
Un exemple de ce type de moquerie est illustré dans l’une des conversations que nous avons enregistrées, impliquant un grand-père malentendant et sa famille. Alors qu’il peine à entendre ses petites-filles, sa femme plaisante, et lui demande : « tu as bien mis tes appareils auditifs, Papy ? », entraînant l’hilarité de son fils et de ses petites-filles.
Cette plaisanterie, à première vue anodine, peut être une source d’embarras pour la personne qui en est la cible. Or, une des conclusions clés de notre enquête est que les adultes victimes de perte auditive réagissent généralement à la stigmatisation en cachant leur condition.
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De même, dans une enquête internationale menée auprès de 331 adultes malentendants (dont les résultats ne sont pas encore publiés), un quart des participants interrogés a déclaré n’avoir informé personne de leur perte auditive. D’autres ne s’étaient confiés qu’à certaines personnes, dans des contextes spécifiques.
Gardez donc à l’esprit qu’il est possible qu’au cours des réunions auxquelles vous participez, certains de vos amis ou de vos proches souffrent eux aussi de perte auditive sans que personne ne soit au courant…
À Noël, aidez vos proches malentendants
Les adultes atteints de perte auditive qui subissent une stigmatisation de la part de leur entourage peuvent être enclins à limiter les situations sociales à même de les mettre en difficulté. Ils participent moins aux conversations et ont tendance à s’isoler socialement, se retrouvant davantage seuls.
Pour éviter d’en arriver à une telle situation, il est important de sensibiliser les gens à ce problème, et de veiller à mieux inclure les personnes souffrant de déficiences auditives. Voici quelques conseils simples pour mieux prendre en compte les personnes malentendantes pendant les fêtes de fin d’année :
Réfléchissez à l’emplacement de votre événement – est-il bruyant ? Lorsque c’est possible, privilégiez des restaurants ou lieux de rassemblement plus calmes. Les environnements extérieurs sont généralement moins bruyants que ceux en intérieur (en Australie, les applications telles que The Ambient Menu peuvent vous guider dans votre choix).
Réduisez le bruit de fond si vous le pouvez (par exemple, en coupant la télévision et la radio, en diminuant le volume de la musique…).
Parlez face à face autant que possible. Cela permet aux personnes souffrant de problèmes d’audition de lire sur les lèvres, et ainsi de ne pas dépendre uniquement de leur ouïe. Si vous savez que votre interlocuteur a du mal à entendre, rapprochez-vous de lui et parlez le plus clairement possible, en réduisant légèrement votre débit.
Disposez les sièges de manière à ce que tout le monde se voie. Les tables rondes sont idéales.
Laissez les personnes choisir leur place à table. Les adultes atteints de perte auditive pourront ainsi se placer au milieu de la table, ou à côté des personnes avec lesquelles ils auront à échanger.
Lors d’événements comportant des discours, utilisez si possible un microphone.
Si vous remarquez qu’une personne ne participe pas à la conversation, demandez-lui si elle entend bien et si ce n’est pas le cas, ce que vous pouvez faire pour l’aider.
